|Comptes rendus

Monsieur le Président de la République française ;

Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement français ;

Mesdames et Messieurs les membres de la délégation béninoise ;

Monsieur le Président du Musée du Quai Branly – Jacques Chirac ;

Distingués invités ;

Mesdames et Messieurs ;

Au nom du Président de la République du Bénin, Monsieur Patrice TALON, j’ai l’insigne honneur de prendre la parole en cette prestigieuse institution muséale dédiée, par son fondateur, le Président Jacques CHIRAC de regretté mémoire, au dialogue des cultures et des civilisations et à la promotion de « l’égale dignité des cultures du monde », pour saluer, à travers chacun et chacune de vous ici présents, les artisans de cette page historique des relations bénino-françaises qui s’ouvre aujourd’hui.

En cette circonstance exceptionnelle, je voudrais, au prime abord, vous transmettre, Monsieur le Président de la République française, les chaleureuses salutations ainsi que les remerciements du Président Patrice TALON, pour avoir accepté d’honorer de votre présence cette cérémonie officielle organisée dans le cadre de la Semaine culturelle béninoise qui se tient depuis hier dans ce magnifique écrin du Musée du Quai Branly – Jacques CHIRAC, en prélude au retour au bercail des 26 œuvres des Trésors royaux d’Abomey restituées par la France à la République du Bénin. 

Je voudrais également saisir cette occasion pour saluer votre leadership et votre engagement remarquable en faveur de la modernisation des relations entre la France et les pays africains, dont la restitution de biens culturels à mon pays, le Bénin, constitue désormais un marqueur irréfutable. 

Distingués invités

Mesdames et Messieurs ;

Le Bénin est heureux de marquer l’histoire aux côtés de la France qui a bien voulu faire droit à sa demande de restitution. 

En août 2016, lorsque j’ai saisi mon homologue français de l’époque, M. Jean-Marc AYRAULT, d’une demande officielle de restitution de biens culturels au nom du Gouvernement béninois, nul ne pouvait prédire l’aboutissement heureux de cette démarche, tant les obstacles étaient si nombreux, comme en attestait la fin de non-recevoir qui a été opposée à cette demande par le Gouvernement français en décembre 2016. 

Mais votre élection en 2017, Monsieur le Président de la République, ajoutée à la persévérance de la partie béninoise, a changé la donne. Il y a eu, dans la foulée, le discours fondateur que vous avez prononcé à Ouagadougou le 28 novembre 2017, suivi de la mission de réflexion sur la restitution du patrimoine africain que vous avez confiée aux universitaires Bénédicte Savoy et Felwine Sarr (ici présents), à l’occasion de la visite de travail en France du Président Patrice TALON en mars 2018, et enfin votre décision historique, prise le 23 novembre 2018 à la suite de la remise du rapport Savoy-Sarr, de restituer aux autorités béninoises 26 œuvres des Trésors royaux d’Abomey conservées au Musée du Quai Branly – Jacques CHIRAC.

Depuis lors, les diligences nécessaires à la restitution effective de ces biens par la France et à leur accueil dans de bonnes conditions au Bénin, sont à ce jour accomplies de part et d’autre. 

L’organisation de la présente cérémonie et, surtout, les étapes capitales à venir dans les prochains jours, à savoir la signature de l’accord relatif au transfert de propriété des 26 œuvres et leur départ subséquent pour le Bénin, en témoignent de façon éloquente. 

C’est ici le lieu de saluer l’esprit de compréhension mutuelle et le dialogue constructif, qui ont prévalu entre les administrations béninoises et françaises concernées tout au long de ce processus et qui ont permis, face aux obstacles et polémiques de tous ordres, d’accroître le champ de nos convergences plutôt que celui de nos inévitables divergences. 

Par l’ampleur des résonances qu’elle suscite au plan international, le Bénin et la France donnent à voir au monde, à travers la concrétisation de cette restitution de biens culturels, un modèle de coopération muséale et patrimoniale qui se veut exemplaire en la matière. 

Distingués invités ;

Mesdames et Messieurs ;

Les 26 œuvres ici exposées ensemble pour la première fois dans l’histoire du Musée du Quai Branly – Jacques CHIRAC, sont représentatives d’un patrimoine culturel exceptionnel et irremplaçable pour le peuple béninois. Elles constituent une part indéniable de l’identité cultuelle et culturelle du Bénin.

Leur retour prochain au Bénin contribuera incontestablement à renforcer cette identité mais aussi à améliorer l’offre touristique du pays, conformément à la vision du Gouvernement de faire du Bénin une destination touristique et culturelle de choix en Afrique. 

En effet, comme le Président Patrice TALON a eu à le souligner dans son discours au siège de l’UNESCO à Paris, le 1er juin 2018, « la restitution, le partage et la circulation des biens culturels sont désormais, pour le Bénin, un facteur de lutte contre la pauvreté, un facteur de création d'emplois et de richesses, [en somme] un outil de développement socio-économique ».

C’est dans cet esprit que le Gouvernement béninois a investi d’importants moyens financiers depuis 2016, pour un montant total de plus d’un milliard d’euros, pour la rénovation et la construction d’infrastructures muséales, culturelles et touristiques répondant aux normes et standards internationaux. En particulier, le Fort portugais de Ouidah a été complètement rénové pour accueillir en exposition temporaire les 26 œuvres restituées dès leur retour au Bénin. A côté, quatre (04) chantiers de construction de nouveaux musées sont lancés, à savoir : i) le Musée International de la Mémoire et de l’Esclavage (MIME) à Ouidah ; ii) le Musée de l’Epopée des Amazones et des Rois du Danhomè (MEARD), destination finale des 26 œuvres restituées, qui bénéficie d’un soutien financier très appréciable de l’Agence française de Développement (AFD) ; iii) le Musée Vodou à Porto-Novo ; et iv) le Musée des arts contemporains à Cotonou.

Parallèlement, d’importants moyens sont consacrés, y compris dans le cadre de la coopération avec la France, au renforcement des capacités des professionnels du patrimoine au Bénin, afin de garantir la bonne conservation des œuvres restituées et, au-delà, de l’ensemble du patrimoine culturel béninois qui fait actuellement l’objet d’un inventaire général.

Last but not least, le Bénin s’est doté le 14 octobre dernier d’une nouvelle loi portant protection du patrimoine culturel qui actualise et enrichit le cadre juridique de protection et de valorisation des biens culturels sur toute l’étendue du territoire national.

Au total, par son approche cohérente et pragmatique, le Bénin a-t-il laissé peu de doute sur les fondements et les objectifs de sa demande de restitution. Loin de s’inscrire dans une logique revendicative frontale, le Bénin a plutôt fait de la restitution des œuvres culturelles un enjeu de développement, mais aussi de renforcement de son partenariat culturel avec la France.



 



 

Le Programme de travail commun signé entre les deux pays à Cotonou le 16 décembre 2019 prévoit en cela des actions ambitieuses pour le renforcement de leur coopération muséale et patrimoniale, qui vont bien au-delà de la restitution des 26 œuvres des Trésors royaux d’Abomey ici exposées.

La prochaine étape consistera donc à mettre en œuvre les autres actions pertinentes retenues, notamment l’élaboration, par les autorités compétentes des deux pays, d’un répertoire leur permettant d’assurer l’identification, la description, la provenance et l’histoire de l’ensemble des pièces et objets culturels d’origine béninoise conservés au sein des institutions muséales françaises. 

La circulation des œuvres culturelles entre les deux pays, sous la forme de prêts et d’expositions conjointes, figure également à l’agenda des prochaines étapes. 

C'est sur ces perspectives, qui augurent d’un processus dynamique et porteur de nouvelles attentes légitimes, que je voudrais conclure mon intervention, en vous réitérant, Monsieur le Président de la République française, la reconnaissance du Président TALON, de son Gouvernement et du peuple béninois pour cette coopération culturelle exemplaire entre le Bénin et la France, dont la présente exposition constitue une éclatante illustration.

Je vous remercie de votre aimable attention.