|Discours
À l'instar de la communauté internationale, le Bénin célèbre, ce lundi 21 février 2022, la Journée Internationale de la Langue Maternelle. À la veille de cette commémoration, le Ministre des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle, Monsieur Kouaro Yves CHABI a délivré un message dont voici le contenu.

Béninoises, 

Béninois, 

Chers Compatriotes, 

Demain 21 février 2022, notre pays, à l’instar des autres nations du monde, célèbrera la journée internationale de la langue maternelle. 

La journée internationale de la langue maternelle a été proclamée par l’UNESCO le 21 février 2000 et est célébrée chaque année par les Etats membres et au siège de l’UNESCO. Cette journée est commémorée dans autant de langues que possible afin de rappeler à l’humanité entière que la diversité linguistique et le multilinguisme sont essentiels pour un développement durable. 

Mesdames, messieurs, 

Cette année, le thème retenu par l’UNESCO pour la commémoration de ladite journée est «l’emploi de la technologie pour l’apprentissage multilingue : défis et opportunités». 

Ce thème nous invite à discuter des capacités potentielles de la technologie à mettre à profit, non seulement dans l’éducation multilingue, mais aussi et surtout pour soutenir le développement d’un enseignement/apprentissage de qualité pour tous, gage du développement durable. La technologie contribuera à relever de grands défis dans le domaine de l’éducation aujourd’hui. Elle accélère les efforts visant à rendre l’apprentissage équitable et inclusif pour tous tout au long de la vie. Cela corrobore la vision du gouvernement à travers la mise en place de la synergie alphabétisation, EFTP et numérique. 

En effet, les langues et le multilinguisme peuvent contribuer au progrès d’une éducation inclusive et permettre d’atteindre les objectifs du développement durable dont le principe est de ne laisser personne en rade. L’éducation, dans la première langue de la socialisation doit commencer dès la petite enfance, voire dès la conception. Elle est la base de l’apprentissage. C’est pourquoi les Nations Unies reconnaissent les droits linguistiques de tous les enfants comme fondamentaux. En effet, l’article 29 de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant stipule clairement que : « les Etats partis conviennent que l'éducation de l'enfant doit viser à lui inculquer le respect de ses parents, de son identité, de sa langue et de ses valeurs culturelles, ainsi que le respect des valeurs nationales du pays dans lequel il vit, du pays duquel il peut être originaire et des civilisations différentes de la sienne » 
Cette vision interpelle chacun de nous, acteurs de la promotion des langues nationales à concilier multilinguisme et technologie en vue de permettre à chaque béninoise et à chaque béninois d’œuvrer efficacement pour le développement de sa communauté. 

Les langues, avec leurs implications complexes d'identité, de communication, d'intégration sociale, d'éducation et de développement, revêtent une importance stratégique pour les peuples et pour le monde entier. Ce sont aussi des perspectives, des traditions, une mémoire collective et des modes uniques de pensée et d'expression, autant de ressources précieuses pour garantir un avenir meilleur. La langue comme le relève Sara Greaves (2017), « est par nature multiple et nous sommes tous plurilingues à l’intérieur d’une même communauté, sans nécessairement le savoir ». 

Mesdames, messieurs, 

En tant que véhicule privilégié de transfert des connaissances et des idées, les langues jouent un rôle irremplaçable et incontestable dans la formation et le développement de l’être humain. 

Le thème de cette année est également en phase avec l’objectif 4.7 des ODD qui précise que ‘’d’ici 2030, tous les apprenants auront acquis des connaissances et compétences pour promouvoir le développement durable, notamment par l’éducation en faveur de la promotion d’une culture de paix et de la non-violence, de la citoyenneté mondiale et de l’appréciation de la diversité culturelle et de la contribution de la culture au développement durable." 

Toutefois, l’atteinte de ces objectifs ne peut être possible sans l’acceptation d’une éducation inclusive basée sur la technologie, facteur de l’équité voire de la cohésion sociale prônée par l’axe stratégique 5 du PAG2. C’est à ce titre que les courageuses réformes introduites par le Président Patrice TALON dans le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG2) à travers la promotion d’une éducation de qualité, les projets ARCH et l’EFTP, qui accordent une place importante à la valorisation des langues maternelles à travers des offres d’apprentissage basées sur la flexibilité et la réactivité, ainsi que la prise en compte des différents groupes sociaux en vue d’une éducation inclusive technologique, doivent être saluées. Aussi, l’utilisation de la bibliothèque numérique en langues nationales participe-t-elle aux renforcements des capacités de ces apprenants. 

Mesdames, messieurs, 

Nous devons nous engager à observer cette diversité linguistique liée à la technologie qui, loin de constituer un frein pour l’épanouissement des peuples, se révèle comme un moteur d’apprentissage, de paix, de développement économique, culturel et social pour l’ensemble du peuple béninois. 

L’éducation au service de la citoyenneté mondiale a pour but de favoriser les compétences de la vie permettant de relever des défis à l’échelle mondiale. Ainsi, chacun pourra contribuer à la création d’un monde plus pacifique, plus équitable et durable. Cette ambition ne peut être réalisée sans la contribution des enseignants dont les compétences seront renforcées sur l’utilisation des technologies en vue de soutenir l’enseignement et l’apprentissage multilingues. 

Il est impérieux de rappeler que les sociétés multilingues et multiculturelles existent à travers leurs langues, qui transmettent et préservent les savoirs et les cultures traditionnels de manière durable. 

Aussi, la diversité linguistique est-elle une caractéristique de la vie culturelle largement reconnue et appréciée dans notre pays. Elle est reflétée par la pluralité des langues parlées et constitue une richesse pour l’humanité. 

A ce sujet, l’anthropologue Levi Strauss affirme que « …c’est au moyen de la langue maternelle que l’individu acquiert la culture de son groupe ; on instruit, on éduque l’enfant par la parole, on le gronde, on le flatte avec les mots… » (Anthropologie structurale 1958).


La langue maternelle est alors un outil identitaire et culturel très fort. Elle est également un instrument de communication et de développement d’un peuple. Dès lors, des programmes d’enseignement/apprentissage numérisés et dispensés en langues nationales par le biais de la technologie favorisent l’épanouissement de l’être et permettent le développement d’une éducation inclusive. 

Chers Compatriotes, 

Mesdames et Messieurs, 

Loin d’être une fête foraine, le 21 février doit être un instant de réflexion profonde sur nos rapports à nos langues maternelles pour une éducation inclusive technologique dans nos sociétés. Les langues constituent les instruments les plus puissants pour préserver et développer notre patrimoine matériel et immatériel. 

Dans cette perspective, je lance un vibrant appel à toutes les béninoises et à tous les béninois pour que le lundi 21 février 2022, soit une ouverture sur une éducation inclusive basée sur la technologie.


Enfin, je formule le vœu que demain, chacun consacre à la Journée, ne serait-ce qu’un court instant, pour échanger uniquement dans sa langue maternelle.


Tous ensemble, engageons-nous à relever le défi de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales au Bénin. Car l’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde (Nelson Mandela).
 

Vive les langues maternelles au service du développement durable ! 

Vive la technologie pour une éducation intégrée ! 

Vive le Bénin ! 

Je vous remercie.