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Le nom de la Commune, à lui seul, fait tilt dans la tête. Surtout que dans les langues locales, à la seule lecture, on n’arrive pas à l’expliquer. Très sûr que nombre de Béninois, un jour, se sont demandé,  où diantre ont-ils pu trouver un nom d’une résonance pareille ? Mais porté par la curiosité,  en empruntant par un détour les sentiers de l’histoire, il est bien possible de remonter  la corde du temps, et de lever un coin de voile sur le véritable sens de ce mot composé qui, à première écoute, donne l’impression d’être tiré d’une langue morte.
Une histoire de grenouilles et de marché…
En effet, l’évolution de cette zone du point de vue extension géographique a commencé par l’installation de deux (02) collectivités au niveau d’une grande forêt vierge et giboyeuse. Ces deux collectivités sont les Vèdonou et les Azohouènou. Les Vèdonou étaient en contact avec le Nigeria où ils écoulaient les produits de leur forge. Au cours de leur périple, ils eurent à acheter deux (02) esclaves jumeaux à Odè près d’Abéokouta. Les deux (02) esclaves yoruba furent installés au Nord de l’actuel séminaire Saint Joseph et se nourrissaient surtout de grenouilles appelées « Okpôlô » en Yoruba.
Pour exprimer leurs besoins en grenouilles aux jeunes enfants qui les visitaient, ils leur disaient Okpôlô. C’était le seul langage de communication qui les liait. Conséquence, le lieu d’installation des deux (02) esclaves prend le nom de « Okpôlô Vali », la place d’Okpôlô.
L’appellation gagna rapidement toute la localité et par altération phonétique devint ‘’Akpro’’ ou « Akplo » suite aux difficultés que le colonisateur français éprouvait à prononcer le mot « Okpôlô ».
Par la suite Hounsou  Gbowi, l’un des notables influents décida alors de créer un marché à Hanzounmè à côté de chez lui. L’isolement de ce lieu choisi suscita la désapprobation de la population. Les habitants de Ganmicodji vont alors offrir une parcelle où sera implanté un autre marché. Suite à de grands débats le nom « Mihlété Ahé », ce qui signifie ‘’arrêtons-nous ici’’ a été donné au nouveau marché qui venait d’être créé. Ce nom « Mihlété » devient « Missérété » toujours par déformation. Le marché prit une grande importance à tel point que le nom « Mihlété » fut étouffé. Mais par souci de préserver la mémoire,  les deux noms « Akpro » et « Missérété » phonétiquement altérés par la langue française pour aller vite furent associés par les autorités politico-administratives pour donner  Akpro-Missérété.
La Commune d’Akpro-Missérété est située dans le département de l’Ouémé et couvre une superficie de 79 km². Elle est limitée au Nord par les communes d’Adjohoun et de Sakété, au Sud par la Commune des Aguégués et la municipalité de Porto-Novo ; à l’Est par la commune d’Avrankou, et à l’Ouest par la commune de Dangbo. Elle est subdivisée en cinq (05) arrondissements que sont : Akpro-Missérété, Gomè-Sota, Katagon, Vakon et Zoungbomè. Des arrondissements qui sont, à leur tour, éclatés en 50 villages ou quartiers de ville, dirigés par le Maire Hounkanrin Godonou Joseph qui dirige un conseil communal de 25 membres. 
La population d’Akpro-Missérété,  estimée à 127.249 habitants, soit une densité de 1611 hab/km2, selon le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH-4) réalisé en 2013,  est composée du groupe socioculturel Tori qui constitue l’ethnie majoritaire à Akpro-Missérété qui fait avec les Fon et apparentés 97,4% de la population. Ils sont suivis des Yoruba et apparentés 1,3%, et d’autres groupes ethniques 1,1 % puis la légion étrangère 0,2%. C’est d’ailleurs pour cette réalité que  la fête identitaire de l’ethnie Tòli  baptisée TOLIKUNKANXWE qui veut dire la fête de retrouvailles annuelles de la communauté Tòli est un événement grandiose.
L’Histoire de la création de la Commune d’Akpro-Missérété est intimement liée à celle de  la fondation du Royaume de Porto-Novo en 1688 qui par effet domino a entrainé la migration des populations en quête d’espace vital vers Akpro-Missérété. Par vagues successives, il y a eu d’abord les Sèto sous le règne de Dê-Sodji (1848-1864) et de Mikpon (1864-1872). Par suite, s’est produite l’installation du clan Azohouè, venu de la région d’Allada. La troisième vague est celle des Ahovi de Malanhoui dont l’établissement date de Toffa 1er (1874-1908). Quant à la vague des clans Tori composés de plusieurs groupes dont les Dohouènou, les Houahénou, les Honviénou, elle  est arrivée plus tard mais en grand nombre. En dehors des Ahovi, tous les autres courants migrants sont venus des régions d’Allada et de Tori-Bossito. Enfin il y a eu les Ouémènou qui se sont installés au Nord d’Akpro-Missérété, dans le Village de Katagon.

Sur le plan géographique, la Commune d’Akpro-Missérété bénéficie d’un climat subtropical à deux saisons de pluie et deux saisons sèches. La grande saison de pluie va de Mars à Juillet tandis que la petite saison de pluie va de Septembre à Novembre. Au terme des deux saisons de pluie, il est généralement enregistré une pluviométrie annuelle comprise entre 1100 et 1300 mm. Bien arrosée, la Commune dispose de dix (10) kilomètres qui donnent  quatre (04) rivières et quelques marigots. La forte présence de marécages et de bas-fonds est propice aux activités piscicoles et au maraîchage.
D’un sol de type faiblement ferralitique appelé terre de barre apte surtout aux cultures de céréales, la Commune d’Akpro-Missérété présente un paysage d’espaces en jachère, d’ilots forestiers, de bas-fonds et de palmiers naturelles. On y trouve également des plantations de palmiers sélectionnés.
La Commune d’Akpro-Missérété, de par sa proximité avec  la ville de Porto-Novo, capitale du Bénin, a l’avantage de disposer encore de parcelles pour habitation, d’un domaine de 96 hectares destinés à accueillir divers projets étatiques.  C’est d’ailleurs cette disponibilité en terres qui lui permet d’accueillir des infrastructures telles que l’école de football de la FIFA, la prison aux normes internationales, l’école de la douance …
En matière d’attraits touristique et culturel, la Commune dispose d’un patrimoine de musique et rythmes traditionnels riches et variés. On peut citer : Houngangbo ; Zangbéto ; Zinli ; Massé gohoun ; Eyo gohoun ; Gangbé ; Kpoji guêdê ; Sato.

Les principales activités économiques menées dans la Commune 
d’Akpro-Missérété sont : l’agriculture, l’élevage, la pêche, la pisciculture, l’artisanat et le commerce qui connait ces dernières années un essor.

De par sa position charnière entre l’Ouémé et le Plateau, la Commune d’Akpro-Missérété a bénéficié de nombreux projets contenus dans le Programme d’Actions du Gouvernement. Les plus en vue sont : l’aménagement de la Route Nationale Inter-Etats (RNIE1) traversant la Commune sur 12 km, la réalisation en cours des trois (03) Systèmes d’Approvisionnement en Eau Potable multi villages (SAEPmv) dans les Arrondissements d’Akpro-Missérété, de Katagon et de Zoungbomè ; la réalisation d’un Point Numérique Communautaire au Centre des Jeunes et de Loisirs de la Commune ; l’implantation des fibres à câbles optiques le long de la route nationale inter-états traversant la Commune dans les Arrondissements de Vakon et d’Akpro-Missérété.