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Bienvenue à Porto-Novo, ce « pays – là » où la fête adoucit les mœurs, la capitale aux trois noms.

Au Sud – Est du Bénin, à 30 km de Cotonou et à 12 km de la frontière du Nigéria, se trouve « un pays », partagé entre lagune et terre, dont le nom, l’architecture et les reliques évoquent encore le passage des Portugais. Porto-Novo (nom promu par les explorateurs et les colonisateurs européens), ainsi baptisée en 1730 à cause de sa ressemblance avec la ville de Porto.

Pour parler de ce « pays-là », il suffirait de regarder du côté de ses enfants. Avec eux, il y a peu de place pour les situations conflictuelles qui s’enracinent au point d’occasionner des déchirures profondes dans le tissu social. Les différends peuvent naître rapidement mais ils meurent aussi rapidement qu’ils sont nés, noyés dans un verre de bière ou de vin de palme local (Sodabi) accompagné d’un plat de viande de porc bien assaisonné au piment découpé avec de l’oignon.

Déjà, sa principale langue, le Goungbé est à la fois « amusante », et experte en matière de taquineries. Elle est autant habile à fabriquer des moqueries, des insultes que les blagues mondaines qui retiennent votre attention, décrochent votre sourire et font chuter quelque tension que ce soit. Elle parle vite et oublie vite et peut - être que cette langue, émanation de la culture mixée fon, ayizo, yoruba influence profondément et caractérise les Porto – Noviens comme des personnes parfois impulsives mais non-rancunières. C’est peut-être aussi pour ça que la terre des Ayinonvis, est un lieu d’amitié.

Porto-Novo, Adjatchè pour les yorubas, Hogbonou pour les fons les gouns et les ayizo, la ville aux trois noms est à elle seule comparable à un « pays » tout entier car comme le véhicule la pensée collective,  Porto-Novo, on peut y rencontrer toutes choses, allant des plus ordinaires aux plus inimaginables ; des plus précieuses aux plus loufoques. Il se dit : « À Porto-Novo, la folie peut vous croiser en plein jour au marché Ouando ». Mais le plus important à savoir sur cette commune puisqu’il s’agit bel et bien de l’une des trois communes à statut particulier que compte le Bénin à la date d’aujourd’hui, c'est que ses filles et fils s'harmonisent autour d'un concept « Adjachè oni bajè » ou « Hogbonou ma gan gblé » traduit littéralement, « Porto-Novo demeurera Porto-Novo », la ville ne connaîtra jamais la déchéance. 

La commune de Porto-Novo est limitée par Akpro-Missérété, Avrankou et Adjarra au Nord, Sèmè-Kpodji au Sud, Adjarra à l'Est et Aguégués à l'Ouest. Elle est divisée en cinq arrondissements et actuellement, Charlemagne Yankoti en est le maire. En dehors des Gouns et des Yorubas qui constituent plus de 80% de la population, on retrouve les ethnies Ajas, Toffins, Minas, Sèto, Tori, Dendis, Lokpas etc..

Autrefois, Porto-Novo a été un grand royaume à coté de Abomey. Fondé au cours du XVIe siècle par des princes Ajas partis d'Allada, après la prise d'Allada par le royaume d'Abomey, Hogbonu aura connu successivement les rois Hufon (1794 – 1807), Ajohan, Tofa I, Hweze, Toyon, Meyi, Soji, Mikpon, Mesi II, Tofa II (1874 – 1908). Au XVIIIe siècle, la ville connaît un essor commercial non négligeable grâce à sa proximité avec l'océan atlantique sur lequel elle ouvre un port de plus en plus prospère. Elle est utilisée comme débouché par le royaume d'Oyo. En 1863, le roi Soji signe un premier traité de protectorat avec les Français ; puis un second en 1882 survient avec le roi Toffa 1er et marque l’installation de l’administration coloniale française. Les Français créent la colonie du Dahomey, dont Porto-Novo devient la capitale. Son statut de capitale confirmé même après l’indépendance du Bénin en 1960, la ville abrite de grandes institutions politiques dont entre autres l’assemblée Nationale logée au Palais de Gouverneurs, (lieu à caractère hautement symbolique et politique dans l’histoire nationale, pour avoir servi de cadre pour la proclamation de l’indépendance nationale) qui en attendant la construction du nouveau site, continue d’abriter l’activité parlementaire. On y retrouve aussi les sièges du Médiateur la république, de la Cour suprême ainsi que celui de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET). Les Archives Nationales et la Bibliothèque Nationale du Bénin sont également implantées dans cette commune. 

A Porto-Novo, on peut visiter plusieurs des lieux significatifs comme le musée ethnographique Alexandre Sènou Adandé, le musée Honmè et le musée da Silva des arts et de la culture afro-brésilienne ; le Palais du roi Toffa 1er et celui du roi des Yoruba (Aladjachè) ; le couvent des Zangbeto Kpakli yao ; la mosquée centrale à l’architecture de type afro brésilien dans le grand marché du 1er arrondissement ; le centre Songhai, reconnu en Afrique comme un centre de formation et un incubateur en production agro pastorale etc…

Parmi ses hommes qui se vêtissent de modèles locaux Boumba ou agbada fait d’Atcho oké, coiffés de leur chapeau Gobi tenu droit ou penché sur le côté, et ses femmes en pagne tissé, noué, sous leur Guélé (Iwé-éri), on rencontre souvent des visages diversement scarifiés et fiers de leur identité.

Malgré l'arrivée presque invasive des tendances urbaines, Porto-Novo continue de porter vers le monde, ses rythmes originaux comme AkoNhoun, Adjogan, Kaka, Djègbé, Eyo, Massègohoun et des groupes comme le ballet de la capitale, Ashakata exposent dans leur travail, la richesse de ces rythmes et danses.

Cette ville aura engendré une flopée d'hommes et de femmes valeureux dans divers domaines d’activité surtout la culture et la politique.  Marc Tovalou Quenum (1887-1936), avocat, écrivain et panafricaniste ; Paul Hazoumé (1890-1980), ethnologue, écrivain et homme politique ; Agoussi Wabi (1899-1941) et Albert Idohou (1902-1941), compagnons de la Libération ; Louis Ignacio-Pinto (1903-1983), homme politique et juge à la Cour internationale de justice de La Haye ; Samuel B. J. Oshoffa (1909-1985), fondateur de l'Église du christianisme céleste ; Sourou Migan Apithy (1913-1989), homme politique et ancien président ; Solange Faladé (1925-2004), psychanalyste ; Paulin Soumanou Vieyra (1925-1987), cinéaste ; Colette Sénami Agossou Houeto (1939-), poète et ministre béninoise ; Adrien Houngbédji, Ministre et chef du parlement béninois à plusieurs reprises;  Gaston Zossou, Ministre de la république ; Marcelline Aboh (1940-2017), actrice ; Noureini Tidjani-Serpos (1946-), écrivain et haut fonctionnaire  ; Adelaïde Fassinou, femme de lettres ; Agnès Agboton, femme de lettres ; Patrick Lozès, homme politique et militant ; Anicet Adjamossi, footballeur ; Dehoumon adjagnon dit Baba Yabo, Mister Okeke, Tola Koukoui, metteur en scène, Alougbine Dine, metteur en scène et Fondateur de l’Ecole Internationale de Théâtre du Bénin, Habib Dakpogan, romancier etc…

En matière de culte, la ville cosmopolite présente une diversité non négligeable favorable au syncrétisme au sein de la population. Les religions importées (chrétiennes et dérivées ainsi que celle musulmane) y sont établies aux côtés de couvents de Zangbéto dont Porto- Novo est le berceau et le siège (Zangbéto Kpakli yao), le Oro, et le culte Kuvito (Egungun) dont le rythme s’exécute avec la série des tam-tams Talking drum (Iya ilou et Omilé) et Ayogo.  

Avec le PAG 2016-2021, plusieurs voies de circulation de la capitale sont en cours d’asphaltage et d’électrification ; la traversée de la ville, partant du pont de Porto-novo, jusqu’au carrefour Missérété en passant par Ouando est complétement bitumée. La ville bénéficie aussi du projetb d’assainissement pluvial des villes secondaires avec des aménagements de voirie et la réalisation de collecteurs sur 14 km ; du projet Paurad pour la réhabilitation de trois maisons Afro-brésiliennes, l’aménagement des voies d’accès aux trois maisons afro-brésiliennes et la pose de lampadaires solaires au niveau de plusieurs carrefours ; d’un projet d’appui à la synergie locale pour l’eau avec la construction de digues de protection en béton armé ; d’un projet de renforcement des investissements pour un développement résiliant aux changements climatiques dans le complexe du lac Nokoué et la lagune de Porto-Novo ; d’un projet de modernisation de la gestion des déchets solides ménagers avec la création de la Société de gestion des déchets et de la salubrité du Grand Nokoué (Sgds-Gn) et le Projet d’amélioration des services énergétiques (Pase) grâce auquel la ville a bénéficié du remplacement des lampes incandescentes par des lampes Led plus économiques et du projet de reconstruction des marchés Ahouangbo et Ouando.