|Comptes rendus|Sécurité et défense
Faire de la reddition de compte un pilier de sa gouvernance, c'est le crédo du régime TALON.

1 an après la réélection et la prestation de serment de l'homme de la Rupture, les ministres se livrent, pour le public, à l'exercice d'évaluation de l'action gouvernementale et de mise en œuvre du Programme d'Actions du Gouvernement (PAG 2021-2026).

Quels sont les marqueurs importants des actions menées par le Gouvernement pour assurer la sécurité et la protection de tous les citoyens, douze (12) mois après l'investiture du Chef de l’État Patrice TALON pour son second mandat ?

Retrouvez l'essentiel dans la transcription du numéro 5 de l'émission "LE GOUVERNEMENT EN ACTION" avec comme invité, Monsieur Alassane SEÏDOU, Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique

JOURNALISTE : Monsieur le Ministre, le Gouvernement auquel vous appartenez a opéré de nombreuses réformes dans le secteur sécuritaire. La plus aboutie a été sans doute la fusion de l’ex Police Nationale et la Gendarmerie Nationale. Pourquoi cette réforme ? Et quels sont ses avantages ? 

Alassane SEIDOU : Le Gouvernement a voulu cette réforme parce qu’il pense qu’il faut à notre pays une police qui soit véritablement intégrée, une police au service de la population et une police communautaire qui puisse vivre avec les populations, qui puisse vraiment mériter la confiance des populations. Et c’est ça la Police Républicaine. Alors, pour parler des avantages, je crois que tous les Béninois ont vu les avantages de cette police. Aujourd’hui, notre pays est en sécurité. Lorsqu’on considère le niveau sécuritaire dans la sous-région, je crois que le Bénin est parmi les pays qui ont le plus maîtrisé le secteur. Qu’il vous souvienne aussi qu’en 2019, nous avons reçu le prix de l’UEMOA, le prix de la sécurisation des corridors et de la fluidité aussi des corridors, c’est-à-dire nos axes routiers, les routes internationales que nous avons. Et cela est dû à l’efficacité de la Police Républicaine. Alors pourquoi une police intégrée ? 

JOURNALISTE : Justement, dites-nous, monsieur le Ministre. 

Ministre Alassane SEÏDOU : Il faut une Police intégrée, parce que la Police seule ne peut pas assurer la sécurité. Il faut que la population participe. La population, pour participer, doit pouvoir communiquer avec la Police. Il doit y avoir une complicité entre la population et la Police. C’est pourquoi, au lieu d’être face à la population, la Police doit être au sein de la population. Et si vous voyez ce qui se passe autour de nous, c’est-à-dire le terrorisme qui est désormais à nos frontières, c’est une guerre asymétrique qui se déroule au sein de la communauté. Si vous n’avez pas la complicité des populations, vous ne pouvez pas gagner cette guerre-là. Ce n’est pas possible ! Avec la Police traditionnelle, on ne peut pas gagner une telle guerre. Donc la réforme est venue à point nommé parce que nous avons aujourd’hui un défi qu’il faut relever et qui nécessite une Police qui soit vraiment républicaine, une Police intégrée, communautaire. Donc, voilà ! Et par rapport à la sécurité en général, vous devez avoir constaté qu’il y a une évolution.  

JOURNALISTE : Donc c’est déjà le triomphalisme, Monsieur le Ministre ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Ce n’est pas le triomphalisme. Beaucoup de choses restent à faire. Nous sommes tout à fait d’accord. Nous sommes en train de travailler. Nous ne croyons même pas avoir fait l’essentiel. Beaucoup de choses restent à faire. Mais nous sommes dans la dynamique et nous pensons qu’avec le temps, nous allons vraiment relever tous les défis. 

JOURNALISTE : Vous avez l’impression qu’aujourd’hui, les populations apprécient véritablement ce qui se fait ? Est-ce que les impacts de cette réforme sont visibles aujourd’hui, Monsieur Alassane SEIDOU ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Vous savez, avant la Police communautaire, lorsque vous quittez Cotonou la nuit pour aller au nord, arrivé à Kilibo, on vous arrête. Et on vous met des policiers devant, des policiers derrière. Et ce sont les policiers qui vous conduisent pour traverser la zone de Kilibo jusqu’à Parakou. Est-ce que c’est le cas aujourd’hui ? Vous pouvez quitter Cotonou à minuit, aller à Malanville tout seul dans votre voiture. Vous ne courrez aucun risque. Vous allez rencontrer des policiers en patrouille. Non seulement vous ne verrez aucun policier pour vous rançonner mais vous allez à Malanville en toute quiétude. Vous ne courrez aucun risque parce que la route est sécurisée. Ça, c’est du concret. Et même dans des quartiers. C’est vrai, il n’y a jamais l’insécurité zéro et il n’y a jamais la sécurité à 100% si vous voulez bien mais je crois qu’il y a quand même une régression de l’insécurité dans le pays.  

JOURNALISTE : Oui, cela est certainement facilité par le nombre de commissariats que vous avez créés puisque vous l’aviez signalé entre temps. Dites-nous, est-ce que vous pensez que les moyens ont été mis à la disposition de ces commissariats qui ont été créés un peu partout sur l’ensemble du territoire national, parce qu’on entend certaines grognes comme quoi il y a des commissariats qui ne disposent même pas de moyens de déplacement, Monsieur le Ministre ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Oui, les moyens sont en train d’être mis en place de façon progressive. Je vous ai dit qu’il y a des problèmes à résoudre. Tous les problèmes ne sont pas résolus. Mais nous sommes dans une dynamique qui est telle qu’à moyen ou à long termes, nous allons pouvoir résoudre les problèmes. Les moyens roulants, le gouvernement en a mis à la disposition des commissariats. Que ce soient les moyens à quatre roues ou à deux roues. En dehors des commissariats, nous avons aussi créé des unités spéciales de sécurisation des frontières. Ces unités sont dotées de moyens à deux roues. Et ces unités sont très actives sur le terrain. Mais compte tenu de l’ambition du Gouvernement, c’est sûr que tous les moyens ne peuvent pas être mis en place le premier jour. Cela se fait de manière progressive et nous avons un plan pour cela. Par exemple, dans le budget 2022, il est prévu des ressources pour l’opérationnalisation de la Police Républicaine. Nous sommes en train d’opérationnaliser. Donc nous évoluons. Nous sommes en train de concrétiser cette Police-là. Tout n’est pas encore fait. Mais nous sommes dans la dynamique.   

JOURNALISTE : Justement Monsieur le Ministre, on se souvient qu’en décembre 2021, vous avez entrepris dans les douze (12) départements de notre pays, une tournée. Vous êtes allé à la rencontre des policiers et puis des populations pour revenir sur un concept important. Vous avez notamment parlé de la coproduction de la sécurité. Pourquoi la coproduction de la sécurité ou comme vous le dites, la Police communautaire ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : D’abord, la coproduction de sécurité. Si vous prenez par exemple le terrorisme, lorsque les terroristes arrivent dans un pays, ils n’amènent pas des troupes. Ils envoient quelques émissaires qui viennent faire des recrutements sur place. Donc ce sont des fils du terroir qui sont recrutés et qui sont utilisés contre leur population. Si vous avez une bonne implication des populations, si vous avez une bonne compréhension de la sécurité par les populations, vous pensez que cette intrusion peut être possible ? 

JOURNALISTE : Et vous avez l’impression qu’il y a cette collaboration entre la population et la Police Républicaine ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Bien sûr ! Je vous ai déjà dit que nous sommes dans la dynamique et ça prend. Ce n’est pas compliqué. Il suffit que les policiers soient préparés à cela. Il suffit qu’il y ait de la sensibilisation, qu’on explique. Vous avez vu les tournées que nous avons effectuées sur le terrain. C’est pour rencontrer les leaders d’opinions, c’est pour rencontrer les élus locaux, c’est pour rencontrer les élus communaux ; Echanger avec eux et les convaincre de ce qu’ils doivent s’impliquer. C’est indispensable qu’ils s’impliquent parce que c’est leur affaire, c’est de leur sécurité qu’il est question.  

JOURNALISTE : Monsieur le Ministre, par le passé on voyait que les populations avaient plus peur des policiers, est-ce à dire qu’aujourd’hui, vous les amenez vers ces policiers pour une véritable entente, une véritable communion ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : C’est cette peur-là qui ne doit plus exister. Les policiers doivent pouvoir être abordés comme n’importe quel citoyen. C’est pourquoi nous voulons qu’ils soient avec la population, au sein de la population. Cela veut dire que lorsque vous avez une information, vous pouvez aller voir un policier et lui parler directement, vous pouvez lui téléphoner. Vous pouvez lui dire tout ce que vous avez vu. Et ils doivent tisser des liens avec la population. C’est ça qui va leur permettre d’être efficaces. 

JOURNALISTE : Monsieur le Ministre, c’est une mesure louable. Mais déjà pour un bilan d’étape, est-ce que vous avez l’impression que cette mesure a déjà porté ses fruits ? C’est vrai que vous dites que c’est un processus. Mais à la date d’aujourd’hui, est-ce qu’on peut quantifier quand même un résultat par rapport à cette mesure-là ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Prenons par exemple le cas des terroristes qui, depuis quelques mois, sont à nos frontières. Vous le savez très bien. Frontières nord-ouest et nord-est. Depuis plus de six (06) mois, ils font des incursions, mais ils n’ont pas réussi à s’installer. Ils font des incursions et à chaque fois ils rencontrent une réaction farouche de nos forces, ils replient. Mais pourquoi ils ne se sont pas encore installés ? C’est parce que nos services de renseignements fonctionnent. Et nos services de renseignements fonctionnent avec les populations aussi. C’est parce que les populations participent. Nous avons des informations. Nous avons réussi déjà à mettre la main sur des dizaines. Et, Ils n’ont pas pu s’installer dans le pays. Ils sont à l’extérieur et ils font des incursions. En fait, ils sont en train de tester notre vulnérabilité. Leur l’intention n’est pas de rester à l’extérieur et de faire des incursions. Leur intention c’est d’entrer dans le pays et de s’installer comme ils se sont installés dans les pays d’à côté, qui nous entourent. 

JOURNALISTE : Vous m’offrez une transition toute faite. Est-ce qu’aujourd’hui, vous pouvez confirmer à tous ces téléspectateurs qui vous regardent que le terrorisme véritablement existe au Bénin et quelles sont les communes qui sont concernées ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Le terrorisme est à nos frontières et non à l’intérieur du pays. Le terrorisme n’est pas installé au Bénin. Il y a toujours des incursions. Vous savez que le terrorisme est au Burkina-Faso. Ce n’est un secret pour personne. Et toutes les communes qui ont de frontières avec le Burkina-Faso sont concernées. Il s’agit des communes qui sont au nord-ouest et parmi ces communes, nous avons la commune de Karimama, la commune de Banikoara, la commune de Kérou, la commune de Tanguiéta, la commune de Matéri et la commune de Cobly. Ce sont ces six (06) communes qui ont de frontières avec le Burkina-Faso. Donc ces communes sont concernées. Et lorsque nous venons au nord-est, vous avez la commune de Malanville, la commune de Ségbana, la commune de Kalalé, la commune de Nikki et un peu Pèrèrè. Et quand vous remontez dans les collines, vous avez la commune de Savè, la commune de Ouèssè et plus au sud dans le plateau on a la commune de Kétou. Voilà les communes qui, aujourd’hui, ont des frontières avec des pays où il y a le terrorisme. Donc la menace est au niveau des frontières de ces communes. Et l’objectif du gouvernement, c’est de constituer un rempart pour protéger notre pays. C’est-à-dire, nos forces de défense et de sécurité doivent être à ces frontières pour empêcher que le terrorisme puisse entrer dans notre pays et s’installer. C’est ça l’objectif du gouvernement et c’est ça qui est en train d’être fait. Et c’est ça qui les oblige à faire des incursions et à replier aussitôt. C’est parce qu’il y a une riposte. S’il n’y avait pas de réaction, ils se seraient installés.  

Ce qu’il faut comprendre aussi, c’est que dans cette bataille contre le terrorisme, aucun pays n’est seul. Nous sommes dans un creuset puisque nous avons compris que le mal vient du sahel et avance progressivement. Il y a quelques années, on voyait le terrorisme très loin. On disait : c’est au Mali, c’est loin de nous. Progressivement, c’est arrivé au Burkina-Faso, c’est allé au Niger et c’est à nos frontières et nous ne sommes pas le seul pays concerné. La Côte-d’Ivoire est concernée, le Ghana, le Togo et le Bénin. Donc tous les pays côtiers qui ont de frontières avec le Burkina-Faso sont concernés. C’est pourquoi nous nous sommes retrouvés dans un creuset qu’on appelle « l’Initiative d’Accra » qui existe depuis 2017 et au sein de ce creuset, nous mettons en synergie nos forces pour lutter contre le terrorisme. Nous avons tenu ici une conférence ministérielle qui a regroupé les ministres de tous ces pays. En plus, dans « l’Initiative d’Accra », il n’y a pas que les quatre pays côtiers. Il y a aussi le Burkina-Faso, le Mali et le Niger. Mais le Mali étant sous sanction, il n’a pas pu participer. Le Burkina-Faso était à la réunion parce qu’on ne peut pas être efficace sans le Burkina-Faso. Car, si vous avez les terroristes, juste à vos frontières, vous n’êtes pas en sécurité. À tout moment, ils peuvent vous surprendre. Il faut donc une bande de sécurité et pour que cette bande puisse se réaliser, il faut nécessairement la collaboration du Burkina-Faso. Et c’est en cela même que nous sommes heureux de la participation du Burkina-Faso. Le Burkina-Faso était à la dernière réunion à Cotonou. 

JOURNALISTE : Il est un constat, monsieur le Ministre, et vous l’avez rappelé, le terrorisme est à nos portes. De façon concrète, monsieur le Ministre, que fait dans l’immédiat le gouvernement pour pouvoir justement faire face à cette menace ?   

Ministre Alassane SEÏDOU : La guerre est là, on ne peut pas se mettre à parler de prévention. Il faut des mesures curatives. C’est ça le rempart que nous constituons. Chaque fois qu’ils attaquent, la réaction est automatique. Ça veut dire que le gouvernement a déjà mis en place un dispositif qui permet de protéger le pays et de les combattre. Nous ne pouvons pas aller au-delà parce que, pour aller au-delà, il faut que ce soit une action conjointe. Donc nous avons créé un rempart au niveau de nos frontières pour protéger notre pays.  

JOURNALISTE : Vous parlez de l’action conjointe, mais on a déjà vu des actions dans d’autres pays où il y a même l’intervention des forces étrangères. On a vu la création du G5 Sahel. Tout ça là, visiblement, n’a pas pu émousser l’ardeur de ces terroristes. Est-ce que vous pensez aujourd’hui avec cette organisation que vous voulez mettre en place (…), vous pensez que vous pouvez faire face à ces terroristes-là, ou bien il y a d’autres mécanismes sur lesquels il faut réfléchir pour pouvoir véritablement faire face à ce phénomène ? Est-ce que l’armée est la seule réponse au terrorisme ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : D’abord je vais répondre à la première question. Nous avons anticipé. Nous avons anticipé en comprenant que ce n’est pas une bataille qu’un seul pays peut mener. C’est pour cela que nous avons décidé de nous mettre ensemble. Si nous nous mettons ensemble, ça veut dire que si le Togo est attaqué, le Bénin doit se sentir concerné. Si le Ghana est attaqué, le Bénin doit se sentir concerné. Si le Bénin est attaqué, les autres aussi doivent se sentir concernés. Nous pouvons nous apporter des appuis au plan logistique. Mais les autres pays n’ont pas eu le temps de faire cette organisation-là. Ils ont été pris isolément. Nous au moins, nous voyons le mal venir et nous nous organisons. Nous mettons en synergie nos forces pour faire face au mal. Donc nous avons la ferme conviction que si nous poursuivons la bataille, si nous restons dans cette dynamique-là, nous allons pouvoir résister. Sinon que nous allons vaincre le terrorisme. De toutes les façons on n’a pas le choix. On doit vaincre. Il n’y a rien à faire. Nous devons tous nous mettre ensemble et nous battre pour vaincre le terrorisme. Et c’est possible.  

JOURNALISTE : On a vu certains de nos soldats au front qui, malheureusement, ont perdu la vie dans le nord du pays. Vous avez rappelé les communes concernées. Est-ce que l’armée est la seule réponse ?  

Ministre Alassane SEÏDOU : L’armée n’est pas la seule réponse. Je vous ai dit, lorsque les terroristes veulent arriver dans un pays, ils n’amènent pas des troupes. Ils envoient des émissaires qui étudient le terrain et qui font des recrutements. Et, ce sont les fils du terroir qui sont recrutés et utilisés contre la population. Alors qui sont ceux-là qui adhèrent à leur politique ? Qui se donnent pour tuer leurs parents, pour assassiner, pour commettre des viols ? Qui sont ceux-là ? Pourquoi ils se comportent comme ça ? On doit se poser la question. Pourquoi c’est parmi nous qu’on trouve des gens qui sont d’accord pour tuer leurs frères, pour semer la terreur dans leur pays ? Ça veut dire qu’il y a un problème qu’il faut résoudre. Donc la solution durable c’est de développer le vivre-ensemble. Il faut que tous les citoyens aient vraiment le sentiment d’appartenance au pays. Et c’est pour cela d’ailleurs que nous avons créé une agence qu’on appelle ABeGIEF (l’Agence Béninoise de Gestion Intégrée des Espaces Frontaliers). Et l’ABeGIEF a été créée depuis 2012. Le Bénin avait déjà compris qu’il faut lutter contre la précarité, la grande pauvreté. Et l’ABeGIEF, dans ces zones frontalières, lutte contre la pauvreté, apporte des ressources aux populations pour mener des activités génératrices de revenus, réalise des infrastructures sociocommunautaires (les pistes, les écoles, les points d’eau, les centres de santé), règle aussi les problèmes intercommunautaires. 

Le gouvernement a créé par exemple le Haut-commissariat à la sédentarisation des éleveurs. C’est pour éviter les conflits entre éleveurs et agriculteurs parce que ce sont ces conflits qui créent des frustrations et ça crée des rancœurs entre les communautés ; Ce qui peut amener certaines communautés à se jeter dans les bras des djihadistes. Donc voilà l’autre bataille aussi que nous sommes en train de mener. Et nous pensons qu’avec toute cette politique à moyen et à long termes, nous allons vaincre le terrorisme.  

JOURNALISTE : Monsieur le Ministre, on arrive quand même à recruter des gens. Si aujourd’hui il n’y a pas peut-être une réponse adéquate (...), est-ce que vous pensez qu’on va aboutir un jour à sauver ces jeunes (…) et empêcher les recrutements dont vous parlez ?  

Ministre Alassane SEÏDOU : Le travail de l’ABeGIEF a impacté. S’il n’y avait pas l’ABeGIEF, vous savez ce que ça pouvait être ? Ça pouvait être pire. Peut-être que les actions d’ABeGIEF ont atténué les choses. La preuve, depuis des mois, nous sommes à la frontière. Et nos populations résistent quand-même. Il y a une certaine résistance. Et, nous renforçons les actions de l’ABeGIEF. Ça existait, mais avec l’avènement du terrorisme, ces actions sont renforcées et nous avons aujourd’hui le soutien des partenaires. Nous avons l’Union Européenne qui nous appuie à travers un projet, nous avons aussi la Banque Mondiale qui nous appuie. Donc ces actions qui existaient, sont renforcées aujourd’hui parce que nous avons compris qu’elles sont vraiment pertinentes et c’est peut-être à cause de ces actions que l’avancée ne se fait pas de manière foudroyante.  

JOURNALISTE : Comment entrevoyez-vous la suite, puisque c’est la peur au sein des populations et dans les communes que vous avez citées ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Nous rassurons les populations parce que le gouvernement fait son devoir. Et le gouvernement aujourd’hui est en train de mobiliser tout ce qu’il faut pour que nos forces de défense et de sécurité soient vraiment à la hauteur. Le gouvernement a accepté de débourser beaucoup de ressources pour doter nos forces de défense et de sécurité des moyens appropriés pour faire face au terrorisme. Donc les populations doivent être rassurées. Mais elles doivent s’impliquer parce qu’elles ont un rôle fondamental à jouer, parce que ça se joue au sein des populations et on ne peut pas réussir la mission sans la complicité des populations. Donc ce n’est pas seulement l’affaire des forces de défense et de sécurité. C’est l’affaire de tout le monde, de tous les citoyens.   

JOURNALISTE : Monsieur le Ministre, vous avez suivi ce reportage qui traduit quelque peu la situation que vivent véritablement nos concitoyens à nos frontières. Le défi, il est énorme. Et qu’est-ce que vous faites justement dans ce sens ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Vous savez, les espaces frontaliers sont des espaces particuliers. Ce sont des espaces qui sont souvent convoités par deux pays. Même quand les limites sont connues, chaque pays doit suivre. Lorsque vous ne suivez pas, il arrive même que les gens déplacent les bornes. Les bornes sont bien placées mais il y a des pays qui décident de déplacer les bornes pour gagner un peu en territoire. C’est donc nécessaire de suivre. C’est pour cela que nous avons une structure qui s’en occupe et c’est toujours l’ABeGIEF, l’Agence Béninoise de Gestion Intégrée des Espaces Frontaliers. L’ABeGIEF fait bien le travail parce que l’ABeGIEF est tenue par des gens qui ont de l’expérience en la matière et qui s’y connaissent véritablement. 

Vous savez, si vous vous en souvenez bien, avec le Niger on avait des problèmes. Un problème qui nous a même amené à la Cour international de la Haye où un verdict a été rendu. Selon le verdict de la Haye, le Bénin perdait l’île de Lété, puisque c’est une île qui est devenue symbolique. Le Bénin était allé par rapport à l’île de Lété. Mais nous avons gagné d’autres îles. Alors, les îles que nous avons gagnées, il faut les matérialiser. Il faut matérialiser les limites. C’est comme si vous avez une parcelle. Si vous ne clôturez pas, vous ne suivez pas, c’est possible que les autres grignotent et qu’après vous trouviez une parcelle toute petite parce que vous n’avez pas suivi. C’est ça aussi le territoire. Il faut suivre. Donc avec le Niger, on n’a plus de problèmes. On est maintenant à la matérialisation de ce qui a été dit à la Cour. Il faut matérialiser ça sur le terrain. Ça se passe très bien. Il y a toujours des commissions paritaires. Les deux pays se retrouvent, échangent et puis on finit toujours par trouver un consensus.  

Par rapport au Burkina-Faso, vous savez que là on a un contentieux. Nous avons tout un territoire, le territoire de Kourou-koalou qui est discuté par les deux pays et qui, aujourd’hui, est un no man’s land, qui est un refuge des terroristes. 

JOURNALISTE : Justement qu’est-ce qui est fait par rapport à ce territoire ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Ce territoire-là est un véritable problème aujourd’hui puisque nous sommes conscients que les terroristes sont là. On avait des actions conjointes avec le Burkina-Faso pour sécuriser la zone. Mais depuis que le Burkina-Faso a des difficultés ; ils ont des difficultés beaucoup plus au nord qu’à l’Est ; les Burkinabés sont plus préoccupés par les problèmes du nord, cette zone a été pratiquement abandonnée. Et comme ce n’est pas encore reconnu comme territoire béninois, nous ne pouvons pays y aller sans le consentement des Burkinabés. C’est ça le problème aujourd’hui. C’est pour cela que, dans le cadre de « l’Initiative d’Accra », nous voulons agir ensemble. Si nous travaillons ensemble avec le Burkina-Faso, agir dans cette zone ne posera aucun problème. Mais seul, ça peut poser des problèmes. Donc voilà par exemple, des territoires qui doivent nous amener à échanger. Sinon, le dossier est pendant à la Cour Internationale de la Haye et nous pensons qu’un jour, le verdict va tomber pour qu’on sache qui a droit à ce territoire-là. 

JOURNALISTE : Pour ce qui est de la sécurité, Monsieur le Ministre, aujourd’hui qu’est-ce qu’on peut retenir sur le plan de l’équipement des forces ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Je vous rassure que le gouvernement a pris conscience de la gravité de la situation et est en train de mettre les moyens appropriés à la disposition de nos Forces de Défense et de Sécurité. Et avec ces moyens, nous sommes sûrs de vaincre le terrorisme. 

JOURNALISTE : Les moyens oui. Mais l’effectif ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Oui ! Les moyens et les Hommes. Par rapport aux Hommes, d’abord la Police Communautaire elle-même nécessite beaucoup d’agents, de par sa nature puisqu’on veut que la Police soit partout, que la Police soit dans les quartiers, dans les villages, sur les axes routiers. Partout où se trouvent les populations, la Police doit être là. Ça nécessite de l’effectif. Donc le gouvernement s’est engagé dans un processus de recrutement. Il est prévu de recruter 2000 policiers par an pendant 04 ans à partir de cette année. Nous avons déjà enclenché la procédure de recrutement de cette année. Nous allons recruter 2000 policiers qui seront formés, l’année prochaine et au cours des 04 années à venir. 

JOURNALISTE : Monsieur le Ministre, venons-en au recrutement. On a constaté, en tout cas, on a l’impression que, visiblement, les jeunes ne s’intéressent plus à ces genres de recrutement, celui au sein de la Police Républicaine. On a eu des rumeurs selon lesquelles ils ne se sont pas manifestés pour le recrutement dont vous parliez et on apprend encore des démissions au sein de la Police Républicaine. Est-ce que c’est cela ? Et pourquoi cet état de chose ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Par rapport au recrutement, je ne suis pas d’accord. Je ne suis pas d’accord avec vous. Il y a de l’engouement.  Bien sûr je confirme (qu’il y a de l’engouement, NDLR). On n’a pas pu prendre tous ceux qui se sont manifestés. Ceux qui se sont manifestés font deux fois l’effectif dont nous avons besoin. Donc on ne peut pas dire qu’il y a de la réticence. Non.  

JOURNALISTE : Donc les rumeurs qui ont circulé faisant état de ce qu’on a lancé et relancé le recrutement n’étaient pas vraies ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Non ! Ce n’est pas vrai. Il y a eu de l’engouement par rapport au recrutement. On n’a pas pu prendre (tout le monde, NDLR). On a été obligé de sélectionner. Donc par rapport à ça ce n’est pas vrai.  

JOURNALISTE : Mais qu’en est-il alors de la démission ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : La démission au sein de la Police Républicaine, ça c’est une réalité. Ce n’est pas au sein de la Police seule que les gens démissionnent. Les gens démissionnent partout. Mais au sein de la Police, il y a des raisons à cela. Vous savez, aujourd’hui, pour être recruté à la Police, il faut avoir le Bac. Et parmi les recrues, il y en a qui ont le master, parfois même dans des spécialités très pointues, très recherchées. Quelqu’un par exemple qui a la licence ou plus, qui intègre la Police, il a l’ambition d’appartenir au groupe des officiers. Il veut évoluer dans le corps. Il a d’ambition. C’est une ambition tout à fait légitime. Parce qu’il sait que ceux qui sont les commissaires, ceux qui sont les Contrôleurs Généraux, c’est des gens qui ont le même profil que lui, il a aussi l’ambition d’arriver à ce niveau. Mais s’il constate qu’il ne peut pas arriver dans la classe des officiers en moins de 10 ans ou même plus, s’il trouve une opportunité ailleurs, il ne va se faire prier…. Vous savez, quand les gens sont qualifiés, ils ont plus d’opportunités. Quand ils trouvent une opportunité ailleurs, ils démissionnent. Ce ne sont pas des démissions. C’est des désertions. Il s’en va. Et on constate qu’il est parti. Ça arrive. Il y en a qui partent parce qu’ils ont trouvé mieux. La seconde raison, c’est qu’il y a des gens qui viennent à la Police parce qu’ils pensent qu’à la Police, on peut vite s’enrichir Comme cela se faisait par le passé. 

JOURNALISTE : Vous parlez des rançonnements ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Des rançonnements qui étaient la règle. Tout le monde le sait. C’était devenu la norme dans le pays mais aujourd’hui ce n’est plus possible. Je ne peux pas dire que c’est au niveau zéro. Mais de toutes les façons, aujourd’hui, c’est très compliqué de le faire. Ils sont bien rémunérés comme tous les fonctionnaires.  

JOURNALISTE : Et pourtant c’est le contraire qu’on entend au sein de la Police ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Ce n’est pas vrai ! Il n’y a plus de rançonnement vous avez dit, mais les salaires aussi ne leur permettent pas de vivre… On n’a pas diminué les salaires à la Police. Puisqu’il y avait des rançonnements qui leur permettaient de joindre les deux bouts… 
Vous pensez qu’on peut compter sur le rançonnement pour combler le salaire ? Ils sont payés comme les autres agents de la fonction publique qui n’ont pas des possibilités de rançonner. Donc il n’y a pas de raison à ça. On n’a pas diminué les salaires à la police. Et les policiers évoluent. 

JOURNALISTE : Est-ce qu’il n’y a pas peut-être des primes qui ont été aussi (supprimées, NDLR) ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Non ! Non ! Il n’y a pas de problèmes de primes. Le vrai problème, c’est le rançonnement. Alors, la 3ème raison, c’est qu’aujourd’hui à la Police, il y a du boulot. Il y en a qui pensent que c’est calme. Mais ce n’est plus calme, parce que la Police Républicaine est basée sur la mobilité. Vous devez bouger. Vous devez aller partout, sur les routes, dans les quartiers, dans les villages…. Donc il y a beaucoup de contraintes. 

Ce sont les trois raisons fondamentales qui amènent certains à abandonner. C’est les contraintes liées à la profession, c’est l’arrêt du rançonnement et c’est aussi les opportunités que les plus qualifiés trouvent. Et puis, on ne peut pas refuser ça. Quand quelqu’un trouve mieux, on ne peut pas lui refuser de partir. 

JOURNALISTE : Alors, Monsieur le ministre, sur des aspects plus précis, on a évoqué largement toute à l’heure, cette belle réforme de la Police Républicaine, donc la fusion entre l’ex-gendarmerie nationale et l’ex-police nationale. Mais selon nos informations, au sein justement de cette Police Républicaine, il y a certains qui se sentent lésés à cause dit-on, de la répartition inégale des grades. Vous avez même créé des grades intermédiaires de major… pourquoi cette règlementation qui frise une certaine inégalité selon ces anciens gendarmes ?  

Ministre Alassane SEÏDOU : La réalité, c’est qu’un peu avant la réforme, les ex-policiers ont pu bénéficier de certaines formations qui leur ont permis, à l’avènement de la réforme, d’avancer en grade et souvent de devenir des commissaires, donc d’entrer dans la catégorie des officiers. Ce que les gendarmes n’ont pas eu. Ça a créé une certaine frustration. Mais cela est en train d’être corrigé. Actuellement, il y a des brigadiers et des brigadiers-chefs de police qui ont été chefs de brigade ou chefs de brigade adjoints qui sont en formation. Et à la fin de la formation, on va leur faire un test, ceux qui vont réussir pourront aussi avancer comme les ex-policiers. C’est une situation qui est en train d’être corrigée progressivement.  

JOURNALISTE : Donc il faut harmonier les galons ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : L’harmonisation ne pose pas problème. L’harmonisation est déjà faite. Mais certains pensent qu’à l’avènement même de la réforme, les policiers ont pu bénéficier de ces formations qui ont été faites un peu avant la réforme. Par contre, les gendarmes, eux, n’ont pas bénéficié de ces formations. On est en train de corriger cela actuellement. 

JOURNALISTE : Que répondez-vous alors à ces hommes de rang, au sein de la Police Républicaine qui estiment que leurs avancements ne sont pas payés. Ils sont plus de 2300 qui ont déjà 07 années d’exercice au sein de la police et pourtant les avancements n’ont pas été faits et selon nos dernières informations on leur demande encore d’aller faire 18 mois de formation et de revenir. Vous confirmez ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Non ! Ça, je ne confirme pas. Avancements non rémunérés, je ne confirme pas. 

Par contre, vous avez parlé des grades intermédiaires qui ont été créés pour retarder les gens par rapport à leurs avancements, les grades de major.  Ces grades ont été créés à tous les niveaux.  Lorsque vous prenez les sous-brigadiers, vous avez : sous brigadier, sous brigadier-chef, sous brigadier-major. Là il y a déjà major. Vous prenez les brigadiers vous avez les brigadiers, les brigadiers-chefs, les brigadiers-major. Quand vous allez dans la catégorie des officiers. Vous avez le commissaire stagiaire, commissaire de deuxième classe, commissaire de 1ère classe, commissaire major. Ça, c’est les officiers subalternes jusqu’au grade de capitaine. Dans la catégorie des officiers supérieurs, vous avez : les commissaires principaux, les commissaires divisionnaires et après les contrôleurs généraux. Mais à la fin, vous avez contrôleur général major. Ça c’est dans la catégorie des officiers supérieurs. Mais lorsque vous allez dans la catégorie des officiers généraux, là, vous avez l’inspecteur général de police de deuxième classe, l’inspecteur général de police de 1ère classe, l’inspecteur général major avant d’avoir inspecteur général de classe exceptionnelle. Même au niveau des officiers généraux, il y a les majors. Est-ce que c’est pour bloquer ? On veut aussi bloquer à ce niveau-là ? Et puis, ce n’est pas une invention du Bénin. Ce n’est pas le Bénin seul. Si vous allez au Burkina-Faso vous allez voir des colonels-major. 

Ce qu’il faut aussi reconnaître c’est que la pyramide au Bénin est déformée. Il y a des officiers aujourd’hui qui font des tâches qu’un officier ne devrait pas faire parce qu’ils sont trop nombreux. C’est une question aussi qu’il faut régler. Il ne faut pas se le cacher. Comment régler ça ? Est-ce qu’il faut diminuer le nombre d’officiers au sommet ? Ou est-ce qu’il faut augmenter la base pour reconstituer la pyramide normale ? Il y a ce problème là aussi. Mais ce n’est pas ça qu’on est en train de résoudre avec ce grade de major. Non ! Sinon, on l’aurait situé en dessous des officiers. Mais c’est au niveau des officiers subalternes, c’est au niveau des officiers supérieurs, c’est même au niveau des officiers généraux. Au terminus, avant d’être inspecteur général de classe exceptionnelle, il faut être inspecteur général major. Alors, est-ce que là aussi on veut bloquer ? Combien de personnes arrivent là pour qu’on cherche à les bloquer. 

JOURNALISTE : Mais en ce qui concerne les rappels des ex-policiers, est-ce qu’ils peuvent espérer ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Oui, les rappels qui sont vraiment dus, c’est sans problème. Le gouvernement ne discute pas. Quand c’est un droit, il n’y a pas de problème, ça sera payé. Avec le gouvernement de la Rupture, lorsque vous avez droit à quelque chose, il n’y a pas de problème. 

JOURNALISTE : Monsieur le Ministre, on est à une période de modernisation de l’administration, mais jusqu’à présent on a l’impression que ça ne fonctionne pas au niveau de l’immigration parce que les gens ont des difficultés à entrer en possession de leurs passeports. Pourquoi c’est ainsi, Monsieur le Ministre ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Oui ! C’est un problème réel que nous connaissons très bien. Nous avons tenu une réunion au palais de la présidence de la République. C’est le Chef de l’Etat qui nous a interpellés par rapport à la question. C’est dire que c’est une question qui est bien connue et qui préoccupe même le Chef de l’Etat. Et il nous a demandé de faire le point, de dire en quels termes le problème se pose, qu’est-ce qui a pu être fait et qu’est-ce qui reste à faire. 

En fait, quel est le problème ? Vous savez, aujourd’hui, pour avoir le passeport, l’enregistrement se fait en ligne. Et même le rendez-vous se donne en ligne. Et quand on vous donne rendez-vous, vous allez là-bas pour les photos, empreintes et autres et après on vous donne rendez-vous pour venir chercher votre passeport. Mais en principe, on devrait pouvoir vous donner votre passeport dans la même journée. Mais on avait un prestataire qui travaillait, qui éditait les passeports. On a eu des problèmes de gestion de contrat avec ce prestataire. Le contrat a été résilié. Maintenant, le gouvernement est en train d’acquérir ses propres moyens que les agents même de la DEI (Direction de l’Emigration et de l’Immigration, NDLR), vont gérer. Alors, c’est ça qui a créé ce problème. Le temps que les moyens là soient mis en place. Et je crois que ce n’est plus pour longtemps, d’ici quelques semaines nous allons pouvoir résoudre le problème. 

JOURNALISTE : Dites-nous Mr le ministre quand est-ce qu’on pourra définitivement régler ce problème ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Le gouvernement est bien conscient de la question et nous sommes à pied d’œuvre. Je vous rassure que d’ici quelques semaines, nous allons résoudre le problème. 

JOURNALISTE : Alors, venons-en à cette question ayant trait aux partis politiques et notamment l’attribution des récépissés. C’est vrai qu’on a aujourd’hui, selon mes informations, 17 partis politiques qui sont enregistrés au Bénin. Mais pourquoi certains responsables de partis politiques ont l’impression que c’est la croix et la bannière au ministère de l’intérieur pour obtenir un récépissé ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Je ne sais pas si ce sont les chefs de partis qui vous ont parlé ou si ce sont des gens de la rue. Le gouvernement a un délai pour réagir. Lorsqu’un parti dépose son dossier nous avons deux (02) mois. Pendant les deux (02) mois, nous devons pouvoir, soit donner le récépissé soit alors faire des observations. Dire ce qui ne va pas pour que le parti puisse corriger et accéder au récépissé.  

JOURNALISTE : Alors qu’est-ce qui se passe ? 

Ministre Alassane SEÏDOU : Aujourd’hui, pour créer un parti politique, il faut avoir 15 membres fondateurs par commune. Et chaque membre fondateur doit constituer son dossier. Et le dossier comprend : l’acte de naissance, le casier judiciaire, le certificat de nationalité et l’attestation de résidence. Ça fait 04 pièces pour chaque militant fondateur. Et les militants, vous devez en avoir au moins 15 par commune. Si vous en avez plus, c’est tant mieux. Au moins 15 par commune, c’est là toute la contrainte. Et lorsque vous déposez ces dossiers, on ne vous donne pas automatiquement le récépissé. On vérifie si ces militants sont réellement de ces communes et si les pièces qui sont fournies sont authentiques. Mais lorsqu’on fait les vérifications et qu’on constate qu’il y a des personnes fictives, qu’il y a des pièces qui ne sont pas authentiques. Quelqu’un qui dit qu’il est d’un village, il a reçu l’attestation de résidence du chef d’arrondissement. On va faire des recherches, personne ne le connaît dans le village. Le chef d’arrondissement n’a jamais délivré l’acte. Vous pensez qu’on peut accepter ?  On n’accepte pas. On fait des observations et on retourne. Depuis mai 2021, trois partis ont déposé leurs dossiers. Il s’agit de : Le Bénin en Marche, Restaurer la confiance et puis la Nouvelle Alliance. La Nouvelle Alliance a reçu son récépissé ; Restaurer la Confiance a reçu son récépissé ; Seul Le Bénin en Marche n’a pas encore reçu et nous avons fait des observations. On n’a pas eu de retour, pour le moment. Donc au niveau du Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, il n’y a pas de problème, c’est clair. Vous déposez vos dossiers, on vérifie. Si les dossiers sont bons, on vous donne le récépissé. On n’a aucun problème. On n’a aucun intérêt à bloquer un parti politique. 

JOURNALISTE : Un dernier sujet, c’est lié à la lutte contre le terrorisme. Les lieux de prêche, il paraît que c’est aussi une préoccupation, puisque ça fait partie des éléments sur lesquels il faut insister dans cette lutte. Qu’est ce qui se fait à cet effet ?

Ministre Alassane SEÏDOU : Vous savez, le terrorisme lorsque c’est lié à la religion, ça va de la radicalisation. C’est d’abord la radicalisation, l’extrémisme violent et puis le terrorisme. Et, la radicalisation, le point de départ c’est d’abord la communication. On travaille des gens par la communication pour les amener à voir autrement les choses. Pour les amener à agir. Souvent, ça se fait dans les lieux de culte. Et c’est pour cela que le ministère est de plus en plus regardant par rapport aux prêches. Nous avons maintenant des Directions Départementales des Affaires Intérieures et de la Sécurité Publique, les DDAISP. Alors, ça fait partie des missions de ces directions. Désormais, si vous voulez créer un lieu de culte, on doit vous connaître. Vous devez d’abord avoir une association. On doit connaître les principaux responsables parce que le discours que vous allez y tenir sera suivi. Si vous tenez des discours qui sont contraires à nos lois, qui sont contraires à notre culture, eh bien, on va vous arrêter. Vous serez interpelés parce qu’on pense que c’est dans ces milieux là aussi qu’on peut amener les gens à la radicalisation, et de la radicalisation à l’extrémisme violent et puis au terrorisme. Donc nous sommes de plus en plus regardants. 

JOURNALISTE : Monsieur le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Publique, votre mot de fin. 

Ministre Alassane SEÏDOU : Mon mot de fin, c’est dire aux populations béninoises que le terrorisme qui est à nos portes ne doit pas créer la panique. Il n’y a pas matière à paniquer. Le gouvernement est conscient de la gravité de la situation. Le gouvernement prend toutes les dispositions. Le gouvernement travaille avec les autres pays et nous sommes sûrs de gagner cette bataille. Mais ce que nous demandons à la population, c’est sa participation. Nous ne pouvons pas nous vanter de pouvoir gagner tout seul la bataille. Nous voulons la participation de la population parce que c’est une bataille communautaire qui va se jouer au sein des communautés. Pour réussir, il faut nécessairement la complicité de la population. Donc il faut promouvoir la coproduction de la sécurité.  

Je vous remercie.